Certains des livres cités ne sont plus en vente, mais peuvent être trouvés chez des bouquinistes (magasins ou internet).
NOTES DE LECTURE
PIERRE-PAUL RIQUET (1609-1680) L’incroyable aventure du canal des deux mers de Monique Dollin du Fresnel (note rédigée par Henry de Roaldès, Président de l'association).
Cet ouvrage très documenté et très illustré (186 illustrations dont 27 en couleur) retrace dans un premier temps la vie assez mystérieuse du fermier des gabelles, ensuite l’épopée qu’a vécu Riquet pendant 15 ans, en s’attaquant à ce chantier titanesque faisant communiquer la Méditerranée à l’Océan
Monique Dollin du Fresnel raconte de façon très vivante, avec de nombreuses anecdotes, le mode de vie de l’époque, la gestation de son projet, les rapports souvent tendus entre Riquet et Colbert, la surveillance et l’organisation du travail des ouvriers (jusqu’à 12 000), sa maladie, sa ruine et la fin de sa vie sans voir l’aboutissement de son œuvre . Œuvre qui fut la gloire du règne de Louis XIV, mais aussi reconnue de nos jours, puisqu’inscrite au Patrimoine Mondial de l’Humanité depuis 1996.Une très importante bibliographie ainsi que des annexes très intéressantes complètent l’ouvrage.
Edition Sud-Ouest - 463 pages - 22,50 euros.
LA BARQUE DE POSTE DU CANAL DU MIDI (1673-1858) de Jean- Michel Sicard (note rédigée par Henry de Roaldès, Président de l'association).
Beaucoup plus confortable, moins cahotante, plus sécurisée que sa concurrente la diligence, la barque de poste ( qui n’a rien à voir avec le transport du courrier) a transporté au fil de l’eau des milliers de voyageurs entre Toulouse et Cète pendant plus d’un siècle et demi.
Véritable encyclopédie du transport fluvial, cet ouvrage très technique, mais trûffé d'anecdotes, nous fait revivre ce mode de transport en commun. Il nous révèle toutefois que le canal du Midi n'était pas toujours "un long fleuve tranquille" pour les passgers qui y voguaient dessus.
Nous découvrons tout au long de cette lecture, les progrès réalisés concernant le confort, la rapidité, la sécurité de ce mode de locomotion . Ceux-ci nécessaires pour satisfaire et fidéliser la clientèle devenue exigeante.
Grace à la barque de poste les foires de Bordeaux et de Beaucaire, grands évènements commerciaux de l’époque, étaient accessibles pour tous, mais elle transportait aussi déjà son lot de touristes…
Alors qu’elle avait presque atteint la perfection, la barque n’a pas résisté à l’éclosion du chemin de fer…
Edition Empreinte - 140 pages - 17,90 euros.
CANAL DU MIDI SECRET, les faces cachées d’un monument d’exception d'Axelle Raynaud (note rédigée par Jean-Pierre Janier, membre de l'association)
Les archives, à ce jour, ne sont pas encore parvenues à lever le voile sur tous les arcanes des amours supposées prospères du grand Pierre-Paul Riquet. Ce qu’en revanche nous savons pertinemment, c’est que tout juste un tiers de millénaire après sa disparition, Nostre Riquet suscite, au sein de la gent féminine, une passion manifeste et une fièvre contagieuse !
En effet, quelques mois seulement après Monique Dollin du Fresnel, Mireille Oblin-Brière et Michèle Teysseyre, c’est au tour d’Axelle Raynaud de nous faire des révélations sur notre héros, car si son ouvrage mentionne les secrets du canal de Riquet, c’est bien déjà, comme le souligne Jacques André dans sa préface, « certains traits de sa personnalité et de sa vie (qui sont ici) dévoilés, éclairant sous un jour nouveau différents aspects de la genèse et de la construction de cet ouvrage insensé. »
Oui, Axelle Raynaud, dans son ouvrage magnifiquement illustré de croquis, cartes, plans, gravures, estampes et peintures – précieux documents, pour la plupart inédits – nous dresse un inventaire minutieux et alerte des réalisations de Riquet. Celles qui ont disparu, celles qui, au fil du temps, sont venues enrichir son œuvre et celles surtout qui furent projetées mais qui, pour des raisons budgétaires le plus souvent, n’ont jamais vu le jour.
C’est vrai que la si belle écluse de Garonne, les ponts de Toulouse (et d’ailleurs) ont été démolis tout comme les chaussées, les anciens tracés abandonnés, sans parler des armoiries ou tympans massacrés au lendemain de la Révolution, autant de chers disparus qui nourrissent quelque part notre nostalgie.
C’est vrai aussi que d’autres ouvrages sont nés pour tenter de « compenser » ces manques : nous les devons notamment à Vauban, à Jean-Polycarpe Maguès pour le port Saint-Sauveur ou encore à son fils Urbain pour son remarquable pont-canal de Béziers. La liste, bien sûr, n’est pas exhaustive afin de ne pas trop tôt étancher la soif de découverte du lecteur…
Mais ce qui interpelle peut-être davantage, ce sont tous les desseins restés sans lendemain. Quelques-uns avaient été formés par Riquet lui-même pour embellir son ouvrage, comme le port de Naurouze et sa ville nouvelle, mais déjà les crédits manquaient, le contraignant à y renoncer. La plupart de ces projets avortés, cependant, datent des XVIIIe et XIXe siècles au cours desquels pyramides, obélisques et ogives gigantesques à l’image du Colosse de Rhodes rivalisent avec façades, frontons monumentaux ou encore statues et fanaux !
Mort-nés ces nobles projets le sont peut-être, mais tous avaient pour objectif, soit de parfaire le chef-d’œuvre de Riquet, soit de rendre hommage au génie de son concepteur et souvent les deux de conserve.
Alors, j’abonde dans le sens de Jacques André : c’est bien un jour nouveau qui éclaire ici Riquet à travers tous ces ouvrages d’art, et Axelle Raynaud a su parfaitement susciter notre intérêt et piquer notre curiosité de façon inédite et avec talent. C’est pourquoi, je ne peux, en conclusion, que paraphraser le grand Corneille , parfait contemporain de Riquet, en affirmant à son endroit :
Elle est jeune, bien sûr, « mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années. »
Nouvelles Presses du Languedoc - 96 pages - 22 euros